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VUE GENERALE

Note sur la série "Vague" 2020-2021 «C’est du nouveau toujours vieux, et du vieux toujours nouveau» *(1) Les installations "Divagué.e.s", "Elle Ael", "Cabossé.e.s", "Portrait par Trois", "Ombre Au Coin", " Poché.e.s" , " Relecture en Ombre", " Ombres en Mouvement" , " A L'Orée", "Re- Coin" sont regroupées sous l'intitulé "C.Vague.S" : cette friction entre vent et eau, parlent de ma tante diagnostiquée schizophrène au début des années 50. J’ai passé un mois auprès d’elle et ma grand-mère à Brest entre mes 7mois et demi à 8 mois et demi . Mais cela ne m’a jamais été dit, rapporté. Après avoir subi les traitements psychiatriques annihilants de cette époque, ma tante a passé la majeure partie de sa vie à l’hôpital psychiatrique de Morlaix . Dans les années 1980, suite à des études d’art plastiques avortées, j’ai décidé de me lancer dans «la vie dite active». Par ma voisine de palier, j’ai eu connaissance de la profession d’infirmie.è.r.e de secteur psychiatrique dont les études étaient rémunérées. ( ce qui n’est plus le cas depuis 1992) et m’y suis engagée. Durant près de trente années, parallèlement à mon activité d’artiste plasticienne, j’ai donc, pratiqué celle d’infirmière de secteur psychiatrique puis d’art thérapeute, profession me permettant aussi de financer ma pratique artistique. Restant consciente de leur inadéquation et opposition: l’une liée au désordre de la créativité et l’autre à l’ordre du savoir et de l’institution, j’ai choisi de les allier, de leur trouver des correspondances bilatérales, notamment entre processus de créativité et reconstruction identitaire (*2) tout en interrogeant les principes d'unité et d'harmonie. A la mort de ma tante en mai 2008, j’ai récupéré spontanément ses affaires: c’est à dire une valise pleine de photographies. La plupart représentaient des personnes que je ne connaissais pas, car durant ma jeunesse nous n'avions pas rendu visite à cette branche de la famille. Tout long de ma vie, je suis née en 1956, je n’ai pas compris tous ces noeuds qui me rattachaient à ma tante et au sol breton, pourtant cela n’a cessé de m’appeler dans ma chair, de me surprendre tout en dépassant mon entendement. Je constatais juste une sorte d’analogie, correspondance ayant souvent eu une relation privilégiée avec des patients souffrant de schizophrénie et une attirance toute particulière pour les théories sur l’origine du lien. Ces photos aux dates et aux lieux précis.e.s inscrit.e.s à leurs dos, je les ai regardées à maintes reprises sans rien y voir de particulier. Le confinement de 2020 m’a fait m’attarder sur elles et permis de les regarder plus longuement. Et c’est là que j’ai compris ce mois heureux et cet accès au bonheur que ma tante m’avait transmis, cette trace indélébile laissée dans mon être: esprit et corps confondus. Ces installations faisant partie d’une même série «Vague» ont comme point de départ des photos que ma tante a conservées près d'elle tout au long de sa vie. J’ai conçu cette série comme un "dialogue entre eau et vent ", où les images de ma tante se mêlent aux miennes au travers de sculptures, d'installations: une façon de joindre nos mémoires, nos histoires en un nouveau récit, de donner corps à une vie restée dans l'ombre institutionnelle. Pour cette série, l'ombre se transforme en source de lumière, celle qui éclaire et reconnait. Liés à la rencontre de l'eau et du vent créant ce mouvement perpétuel de flux et reflux , les installations de la série C- Vague.S sont comme d'éternels retours où «C’est du nouveau toujours vieux, et du vieux toujours nouveau» (1)*.
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